"Le nid des Phoenix" est un documentaire sur la reconquête de son autonomie après un accident ou un traumatisme grave. Quelques patients nous montrent le chemin à suivre au Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelles de Kerpape, dans le Morbihan.

Ce blog vous permet de suivre toute l'actualité du film : des repérages au tournage en 2013... jusqu'à la diffusion sur France 3 Bretagne en juin 2014!

mardi 12 février 2013

Tournage : Jour 1. Anecdotes autour d’un Super-Patient.

Je vous dois bien quelques nouvelles du « Nid des Phœnix » qui, depuis fin novembre, n’a pas succombé aux rouleaux morbihannais, je vous rassure. 2012 est passé, nous avons survécu (enfin je crois) et voilà qu’aujourd’hui, je me remets à blogger en l’honneur de la toute première journée de tournage du film. Après des mois et des mois de préparation, d’achat de matériel, de recherche de financements, de rencontres, de brain-storming… It happened ! 11 février 2013 : le D800 (autrement dit, la sublime bestiole qui nous sert de caméra) a chauffé, et bien.

Ce jour à marquer d’un joli caillou blanc est sans conteste la résultante d’un trio de choc : Richard Bois, réalisateur équipé jusqu’aux dents, son assistante réalisatrice qui court beaucoup et qui rédige en ce moment même cet article mais, surtout et principalement, notre super-patient : Jack Phelepp.


Amputé du mollet droit en janvier 2013, Jack est soulagé d’avoir pris cette décision. Depuis son accident de moto en 1999, il est en effet passé par un parcours opératoire sinueux et fatigant qui n'a pas permis à sa jambe de récupérer ses capacités. L'amputation lui permettra, à termes, de sortir de fauteuil et de remarcher. Aujourd'hui, nous l'accompagnons chausser sa toute première prothèse tibiale sculptée et modelée par le service d’ortho-prothèse de Kerpape. L’appareillage est un moment phare et filmer les premiers pas d’un patient est quelque chose de plutôt émouvant. Redécouvrir la sensation de la marche autrement, appréhender le poids et la « tenue » de cette nouvelle jambe de substitution, le contact du moignon avec l’emboîture… Le phœnix peut commencer sa résurrection.

Si tout se passe bien, Jack pourra peut-être participer aux Jeux Paralympiques de Rio, en 2016 ! Mais avant, il y a la rencontre avec la kiné, « Marie » (on n’en sait pas plus) et quelques mois de rééducation à prévoir avant le retour à la maison. « Marie »… depuis la chambre 517, on fabule déjà : une jeune? une vieille? sympa? Bref... Il y a là un enjeu de taille car les cours de kiné ont lieu chaque matin, pendant une heure.

10h14 : c’est parti. On suit Jack à travers les couloirs de l’Unité 5, jusqu’aux ascenseurs puis en bas. On passe devant le Club Loisirs, les bureaux administratifs, la piscine, le gymnase… Leçon n°1 : il faut bien compter 10 minutes pour parvenir à la salle « kinésithérapie ABCRV » (entendez par là "Amputés-Brûlés-Cardio-Râchis-Vasculaires") où l’on cherche des yeux « Marie » parmi les blouses blanches qui s’agitent.

Quelques interminables minutes plus tard (on sent bien que Jack n’en peut plus sur son fauteuil), Marie arrive enfin. C'est une jeune femme brune à lunettes, dynamique et rapide. Elle nous laisse entrer en salle d’exercice, la séance de torture peut donc commencer. Jack est soumis à rude épreuve : quadriceps, ischio-jambiers, abdos, gainages… Ça ne s’arrête que quand une crampe lui prend, et les douleurs au membre fantôme sont fréquentes chez les amputés. On le voit alors tenter d’étirer vainement le mollet disparu pour faire passer les fourmillements : le cerveau nous joue des tours!



Leçon n° 2 : mieux vaut être un poil sportif quand on franchit le seuil de Kerpape.





La kiné, très pro mais non sans humour, l’encourage maintenant à marcher entre deux barres pour travailler l’équilibre : « vous cassez pas la figure, j’ai le droit à 10% de chutes dans l’année ! On est qu’en février, j’ai pas encore dépassé mon quota… ». Rires. Le premier contact est plutôt bien passé… Malgré une certaine rigueur apparente (on sent que la rééducation va être sportive), Marie est bien. Et puis Jack à la pêche, et ça, tous les soignants le disent : c’est le plus important pour la guérison!

On a rencontré beaucoup de patients et il faut admettre que peu ont cette patate-là. Pas facile de garder le moral que l’on soit amputé, brûlé, paraplégique ou traumatisé crânien…

Leçon n°3 : garder la pêche.


Et justement, c’est souvent à ce niveau-là que l’entourage joue un rôle essentiel. Dès que la rééducation sera terminée, Jack compte bien retourner à Brest auprès de sa femme, acheter avec elle un nouveau logement (si possible plain-pied, car plus adapté au handicap) et reprendre le boulot. En arrêt maladie depuis octobre 2011, il trépigne à l’idée de retrouver ses marques en tant qu'éducateur technique au sein d’ Emergence, une association qui œuvre en faveur de la réinsertion des sortants de prison. On lui a gardé la place et, mieux, on retarde même l’achat d’un nouveau véhicule en attendant le verdict de l’auto-école de Kerpape qui devrait déterminer rapidement si Jack peut de nouveau conduire un véhicule ordinaire ou s’il a besoin d’une voiture automatique. C’est plutôt encourageant.

Il y aurait encore beaucoup à raconter, mais j’ai le défaut de ne pas toujours savoir m’arrêter et d’écrire des articles un peu longs à digérer. Alors je m’arrête pour cette fois.
A SUIVRE!

1 commentaire:

  1. Salut "Super-Patient"
    Un petit message de soutien de la part de tes collègues. On espère que tout se passe bien pour toi, que tu as le moral et la pêche !!!
    Remets-toi bien, on t'attend avec impatience.
    PS: Le lapin est dans le terrier !!!

    LE CHANTIER

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